jeudi 23 avril 2015

Un poème

Les mots sont venus dans un carnet ouvert tout exprès pour ce projet encore flou pendant que des dessins naissaient sous les doigts de Carole. J’ai écrit un texte que je pensais destiné à devenir un album, et l’image de Rimbaud s’est imposée. Ce garçon qui marchait dans le brouillard d’un futur indéfini avant d’ouvrir ses mains pour faire germer un avenir plus beau avait des airs du poète.

L’aube verte était née.
cr



Aube 
J’ai embrassé l’aube d'été.

 
Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombres ne quittaient pas la route 
du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes 
se levèrent sans bruit.

 
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

 
Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

 
Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq. 
À la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre,
 je la chassais.

 
En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu
 son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.

 
Au réveil il était midi. 
Arthur Rimbaud

Au tout début

Le projet de l'aube verte est né il y a un an, au printemps 2014, d'une conversation. Carole parlait de ces rêveurs qui veulent changer le monde à coups de bombes vertes : des graines lancées sur les friches, dans chaque interstice de terreau laissé libre entre les tentacules de la ville.
Semer le beau. L'idée nous a plu. Un personnage est né, très vite. Son histoire. Il n'était pas bon élève, il ne savait que rêver, jusqu'au jour où… À l'automne dernier, ce personnage a trouvé un prénom : le rêveur qui allait redécouvrir l'aube d'été s'appellerait Rémi.
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